L'économie de la Tunisie est inscrite
dans un processus de réformes économiques et de libéralisation à partir de 1986 après trois décennies de dirigisme et de participations de l'État à l'économie. Avec, à partir
du 1er janvier 2008, l'ouverture à la concurrence mondiale par l'entrée en
vigueur de l'accord de libre-échange conclu
avec l'Union européenne en 1995, l'économie tunisienne fait face à des défis de mise à
niveau de pans entiers de son économie tout en bénéficiant d'une croissance
économique annuelle soutenue de l'ordre de 5 % par an depuis une dizaine
d'années.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX5fZ2qVAyRH_YdgFiqj2hsGVsr0aQl69h0qDNiULSkf_rSbXTubUTaOx7Y17e1e2YLfA_l_Sxc65vVJWbBfjO_Nb8qSy0TGO-NI46XEhCuvhoq2qunDpPmqBLlVsyiaEqCYf8aiM5oeQo/w200-h158/Si%25C3%25A8ge+social+de+Amen+BanK.jpg)
L'économie de la Tunisie est historiquement liée à l'agriculture (blé, olives, dattes, agrumes et
produits de la mer), aux mines et
à l'énergie (grand producteur de phosphates et dans une moindre mesure d'hydrocarbures), au tourisme (6,5
millions de touristes en 2006) et aux
industries manufacturières (textiles, agroalimentaire et électro-mécaniques) dans une perspective
extravertie (grand nombre d'entreprises industrielles totalement ou
partiellement exportatrices). Ainsi, son économie diversifiée la distingue de
celle de la plupart des États des régions africaine, nord-africaine et
moyen-orientale. Par rapport aux autres pays du Maghreb (Algérie et Maroc), elle se hisse à la deuxième place pour le revenu par
habitant et deuxième pour le niveau de développement derrière l'Algérie.
De plus, la Tunisie est l'un des seuls pays de la région à être entré dans la
catégorie des « pays à revenus moyens ».
L'économie tunisienne, qui bénéficie désormais d'un
degré d'insertion dans les échanges mondiaux parmi les plus élevés du monde,
est distinguée au Forum économique mondial sur l'Afrique, tenu du 13 au 15 juin 2007, comme
la 1re économie la plus compétitive d'Afrique, devançant l'Afrique du Sud, et la 29e sur 128 au niveau
mondial.
I. HISTOIRE
1.
Nationalisations (1956-1961)
À la proclamation de l'indépendance en 1956, le pays ne dispose pas des atouts de ses voisins
maghrébins : terres agricoles moins productives, infrastructure portuaire
moins développée, marché intérieur étriqué, épargne faible et écornée par
l'émigration des populations d'origine européenne et relations avec les milieux
d'affaires français réduits, chômage élevé et équipement industriel
embryonnaire. Le taux de croissance annuel de 4,7 % des années 1950 à 1954 tombe
même à 2,8 % durant la période d'autonomie puis d'indépendance
(jusqu'en 1960). La priorité établie
par le nouveau président Habib Bourguiba est
alors de libérer l'économie nationale du contrôle français qui avait favorisé
l'agriculture et
l'extraction minérale, mais avait, en grande partie, négligé l'industrie, la Tunisie
étant alors le pays le moins industrialisé du Maghreb.
Entre 1956 et 1960, presque la totalité des 12 000 fonctionnaires
français travaillant pour l'administration tunisienne sont rapatriés. Pour
affirmer le contrôle public dans les secteurs-clefs, le gouvernement crée
la Société
nationale des chemins de fer tunisiens en
1956, prend en main la direction du secteur bancaire et quitte la zone franc en 1958 et nationalise, entre 1959
et 1960, les sociétés d'électricité,
de gaz naturel et d'eau.
En 1959, elle prend ses premiers contacts avec
la Communauté économique européenne (CEE) et, en 1960, nationalise les sociétés de transport : le
gouvernement acquiert 50 % de la compagnie aérienne Tunisair et crée la Compagnie tunisienne de navigation. Dans le même temps, par la promulgation de la
loi no 58-109 du 18 octobre 1958, le dinar
tunisien devient la monnaie officielle et
remplace le franc tunisien à un
taux de 1 dinar pour 1 000 francs. Tout cela n'est toutefois pas encore
synonyme d'une orientation socialiste, l'objectif
étant de renforcer le contrôle du nouvel État indépendant tout en maintenant
une politique libérale basée sur la promotion de l'investissement et du commerce extérieur. Ainsi, pendant les cinq premières
années, l'État offre des incitations fiscales et des facilités de crédit afin de motiver le secteur privé à jouer un rôle
plus important.
2.
Expérience socialiste (1961-1969)
Au début des années 1960,
les phosphates produits dans la
région de Gafsa — de faible
teneur en acide phosphorique et
nécessitant leur transformation en superphosphates — et l'huile d'olive constituent
les principales sources de revenus extérieurs tandis que les revenus touristiques
sont inexistants avec à peine 52 700 visiteurs étrangers en 1962. Le seul grand projet industriel, les Industries
chimiques maghrébines basées à Gabès, servira de pôle de
développement du sud du pays avant l'avènement du tourisme.
Dans ce contexte, l'importance croissante de l'Union
générale tunisienne du travail (UGTT)
dans les choix économiques par l'action de son secrétaire général, Ahmed Ben Salah, mène le
pays vers l'adoption de mesures collectivistes dans l'économie. En 1961, les responsables politiques optent pour cette nouvelle
stratégie et commencent à élargir le contrôle étatique sur tous les domaines de
l'économie. Cette réorientation est marquée par deux décisions importantes
prises durant cette période : la première est la création d'un grand
ministère du Plan auquel sont ajoutés les ministères de l'Économie, des Finances, de l'Agriculture, du Commerce et de l'Industrie. Ben Salah en prend la direction et contrôle ainsi la
totalité de la politique économique avec l'assistance d'une équipe de
jeunes économistes dont Mansour Moalla. La
deuxième est l'adoption d'un plan de développement courant sur dix ans (1962-1971) lequel est basé
sur les résolutions du congrès de l'UGTT de 1956. Les objectifs principaux de
ce plan sont la « décolonisation économique », l'amélioration
du niveau de vie de la population,
la réduction de la dépendance des capitaux extérieurs (et donc une meilleure
autosuffisance) et la création d'un marché national. Cette phase est le témoin
d'une accélération du processus de collectivisation, en
particulier dans le secteur agricole.
En mai 1964, l'Assemblée
nationale décrète l'expropriation des
terres en possession étrangère — appartenant principalement à des
familles françaises mais
aussi italiennes — afin d'établir
300 fermes coopératives d'État.
La France gèle alors toute aide financière à la Tunisie, plongeant ainsi le
pays dans une crise économique sérieuse. En juillet 1966, le président Bourguiba effectue une tournée en Europe
et aboutit au lancement de négociations qui conduisent à la signature d'un
premier accord commercial le 28 juillet 1969 à
Tunis. Paradoxe toutefois puisque le taux de collectivisation atteint alors
90 % dans le secteur agricole. En août, le secteur public englobe le commerce de gros et
le commerce de détail, une partie importante de l'industrie et du secteur bancaire
ainsi que les transports, l'électricité et les mines qui étaient déjà sous le
contrôle de l'État. Seul le secteur du tourisme, que les autorités commencent à développer, échappe à
une gestion entièrement étatique.
3.
Capitalisme sous contrôle (1970-1981)
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOJbJG6XzvwXhyphenhyphenBdamCPk06OxDJkpk48VnHpwunH5DtZZsyn4TtncGUkOEvW80QWm_4WRvOmqqepvXvHbqVjaWzgdbigLnCL7ojAvjrxxYaC0XG5rCffyLZRDyWxfZXj-fA5lkFWPzp0z_/w200-h150/ceremonie-d-arrivee-pour-la-visite-d-etat-du-premier-ministre-tunisien-hedi-nouira-ca-11-29-1978-2cffchp.jpg)
L'expérience coopérative dure jusqu'en
septembre 1969 lorsque Bourguiba suspend Ben Salah de ses fonctions à la suite de la
parution d'un rapport confidentiel de la Banque mondiale sur
le déficit des entreprises publiques et aux pressions de l'aile
pragmatique du parti. Les coopératives seront toutefois maintenues jusqu'en
mars 1970 et le mouvement aura
engendré une série de créations industrielles et lancé l'implantation de
l'activité touristique illustrée par la création de la Société hôtelière
touristique et de transport. Avec l'arrivée d'Hédi Nouira, pragmatique gouverneur de la Banque centrale hostile au collectivisme, au ministère de
l'Économie puis au Premier ministère,
la Tunisie se réoriente vers l'économie de marché et la propriété privée. Avec l'appui financier de la Société tunisienne de
banque d'Abdelaziz
Mathari, le nouveau gouvernement
encourage alors un retrait de l'État du secteur industriel en l'ouvrant à
l'investissement privé. Nouira procède également à la création de nouvelles
institutions dont le but est de promouvoir le secteur privé, telles que
l'Agence de la promotion de l'industrie, avec l'objectif de rationaliser,
moderniser et simplifier la politique industrielle.
Durant la décennie des années
1970, la Tunisie connaît une expansion du secteur
privé et un développement rapide de l'emploi manufacturier, encouragé par la
prolongation et l'élargissement de l'accord avec la CEE grâce au
commissaire Claude Cheysson. Le pays enregistre ainsi une croissance moyenne de
8,4 % par an et voit quadrupler le revenu par habitant qui passe de 314 à
1 351 dollars. Toutefois, la structure de l'industrialisation se
caractérise par une concentration sectorielle et régionale. À la fin de 1977, 54 % des investissements et 87 % des emplois
créés se trouvent dans le domaine du textile et l'industrie de l'habillement et du cuir. En outre, les nouvelles entreprises sont concentrées
dans peu de régions, ce qui renforce davantage les disparités régionales et
encourage les migrations vers le nord-est du pays et l'urbanisation. En réalité, le retour à une économie de marché est
moins décisif qu'annoncé : la Tunisie maintient largement le subventionnement de certains prix, le secteur financier est entièrement géré par le gouvernement et
l'économie est protégée par des droits de douane très
élevés et des restrictions d'importation.
Cependant, l'économie bénéficie de résultats positifs bénéficiant des deux chocs pétroliers (1973
et 1979), qui font augmenter les prix du pétrole et des phosphates, mais aussi
grâce à une production agricole en hausse et à des recettes touristiques plus
élevées. Dans ce contexte de relance économique, le secteur public demeure
dominant mais recule avec une dissociation progressive entre des secteurs
ouverts à une dose de concurrence extérieure
et ceux destinés au marché intérieur et qui bénéficient de rentes de situation.
Cette timide ouverture permet la création de nouveaux emplois et, par
conséquent, le développement d'une meilleure mobilité sociale de la jeunesse
nouvellement instruite et la croissance d'une classe moyenne.
4. Crise
économique (1982-1986)
La Tunisie est trop dépendante des recettes
pétrolières et est pénalisée par son endettement extérieur,
grevant les finances publiques qui assurent jusque-là le subventionnement des
prix. De plus, elle n'a pas de base productive suffisante pour être en mesure
d'absorber le surplus de travailleurs et d'exporter une gamme de produits
diversifiée et compétitive. Le manque d'investissement de l'État dans les
infrastructures entrave encore la croissance et dissuade les investisseurs
privés.
C'est pourquoi le VIe plan de
développement (qui commence en 1982)
est conçue pour introduire les ajustements économiques nécessaires pour
préparer la Tunisie à une période marquée par la baisse des recettes
pétrolières. L'investissement se dirige principalement vers les industries
non-pétrolières. Par ailleurs, la dette extérieure et la balance des paiements sont
sévèrement contrôlées, l'investissement public réduit et la consommation
soumise à des mesures restrictives par un gel des salaires et des restrictions supplémentaires à
l'importation. Pourtant, la plupart des objectifs du plan n'aboutissent
pas : la croissance du produit intérieur brut (PIB) reste sous les 3 %, le déficit du compte
courant s'élève à 7,8 % du PIB et la
dette extérieure s'élève à 56 % du PIB. En janvier 1984, suivant les recommandations du Fonds
monétaire international, le gouvernement
augmente le prix du pain et de
la semoule. Après une semaine d'émeutes et de répression, Habib Bourguiba renonce aux
augmentations, mais l'orientation générale de l'économie n'avait pas
changé : désengagement de l'État et quête de compétitivité à l'exportation en
s'appuyant sur l'avantage comparatif d'une main-d'œuvre bon marché et d'une
fiscalité complaisante.
En outre, entre 1985 et 1986, le
prix du pétrole baisse, une série de sécheresses frappe le pays et le salaire des travailleurs
diminue. En 1986, la Tunisie connaît sa première année de croissance négative
depuis son indépendance. Les agitations sociales augmentent de façon dramatique
pendant cette période et l'Union
générale tunisienne du travail, qui
critique ouvertement la politique économique adoptée par le gouvernement,
organise des grèves et des
manifestations contre l'augmentation du chômage et la politique salariale. Pour y faire face, le
président Bourguiba nomme Rachid Sfar Premier
ministre, négocie le premier programme national d'ajustement économique ou
« Plan d'ajustement structurel » (PAS) et reconnaît enfin la réalité
de la crise qui se traduit par l'aggravation de la situation économique et
financière. En 1986, le gouvernement se met officiellement d'accord avec
le Fonds
monétaire international (FMI) sur
la mise en place de ce PAS en signant un accord sur un programme de reprise
économique sur 18 mois. En 1988, on
accorde à la Tunisie le recours à des fonds étendus pour une période de trois
ans. Par la suite, la période de prêt est étendue plusieurs fois jusqu'en 1992, mettant en évidence la confiance de l'organisation en
l'aptitude du gouvernement à mettre en œuvre une réforme structurelle de
l'économie. L'un des objectifs du PAS est la cession totale ou partielle de
certains services publics au profit de banques ou de groupes privés.
5.
Libéralisation de l'économie (1987-1995)
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3dT_yvB0pzLQbXIY3UtXlIr__3_2j7QdNtxsl_i8Ae4pGmq5bXNQcgu_wtdRTbr302ppQQXbdafefHvgRjt0XwioiwHTot7pwxDZzuX-gJqDZ6s6arD0Fyreyh0GhwWGiqgdoTKWnFWUj/w200-h116/economie.jpg)
La stratégie du programme est mise en œuvre dans les
VIIe et VIIIe plans de développement. Le
premier de ces plans est mis au point avec la coopération du FMI et de la Banque mondiale. Il a
pour but d'atteindre une stabilité macro-économique et d'introduire les mesures
initiales d'une libéralisation structurelle tout en réduisant la dépendance de
l'exportation du pétrole. Les résultats ne sont pas stables à cause de la
vulnérabilité de l'agriculture et des effets de la Guerre du Golfe.
Néanmoins, le plan peut être considéré comme fructueux : les grands
déséquilibres internes et externes sont maîtrisés, la dette extérieure reste
raisonnable et une croissance du PIB de 4,3 % en moyenne est réalisée.
L'objectif principal du plan suivant est d'accroître l'efficacité et de
promouvoir les mécanismes du marché. En même temps, le plan est conçu pour
surmonter les conséquences sociales et politiques de ses mesures. Les dépenses
publiques sont concentrées aux secteurs de la santé, de l'éducation, du
logement et des services. La croissance du PIB atteint 4,5 % par an au
lieu des 6 % prévus.
Dès le début des années 1980, le gouvernement considère aussi la privatisation des entreprises étatiques pour mettre fin à leur
endettement. Le gouvernement ne lance cependant pas de véritables programmes
avant 1987. La privatisation se traduit
dans un premier temps par la vente de petites et moyennes
entreprises avec un bon historique
bancaire à des acheteurs tunisiens présélectionnés. Les secteurs concernés sont
surtout le tourisme, les matériaux de construction, les textiles, l'industrie
agroalimentaire et la pêche, la mécanique et l'électrotechnique. Ratifiant le GATT en 1990 puis adhérant à l'Organisation mondiale du commerce en 1995, la
Tunisie doit alors développer la compétitivité de ses produits et améliorer ses
avantages comparatifs, pour augmenter les exportations de ses produits et avoir
un accès plus libre aux marchés internationaux, par la mise à niveau globale de
son économie. De plus, un accord d'association signé avec l'Union européenne le 17 juillet 1995 et
entré en vigueur le 1er mars 1998 engendre dès 1996 le démantèlement progressif des barrières
douanières jusqu'au 1er janvier 2008. Dans le
même temps, deux zones de libre-échange sont
créées à Zarzis et Bizerte : la
première est spécialisée dans le secteur pétrolier et voit le jour en 1995 et la deuxième comprend l'industrie et la
construction, la réparation de bateaux, la démolition et
plusieurs services. Dans ces zones, le terrain appartient à l'État mais il est
géré par une entreprise privée. De plus, le gouvernement encourage l'industrie
manufacturière produisant uniquement pour l'exportation en lui donnant la possibilité de s'implanter
partout dans le pays tout en travaillant sous le règlement des zones de
libre-échange.
Ces réformes économiques sont aujourd'hui montrées en
exemple par les institutions financières internationales. Néanmoins, le chômage continue de menacer le développement économique et
se trouve aggravé par une population active grandissante.
En 1997, 63 % des chômeurs étaient
âgés de moins de 29 ans et 49 % étaient en chômage de longue durée.
6. Mise à
niveau de l'économie (1995-2010)
Le processus de mondialisation qui
affecte la Tunisie, comme tant d'autres pays en développement, est conçu par le gouvernement comme un « ordre
naturel », c'est-à-dire qu'il est obligatoire pour le pays de s'y adapter
sous peine de forte dégradation de sa situation économique. Ce discours
s'inscrit directement dans la continuité de la rhétorique bourguibienne du développement et du rôle de l'État comme garant de l'unité
nationale. La politique d'ouverture mise en route a permis une reprise durable
de la croissance économique, contrairement à ce que vivent d'autres pays de la
région, mais a contribué dans le même temps à déstructurer le tissu économique
en le divisant entre les secteurs concurrentiels et ouverts vers l'extérieur —
et bénéficiant, selon la Banque mondiale, de « généreux privilèges »
sous la forme de cadeaux fiscaux — et les secteurs fragilisés par un
processus d'ouverture auquel ils n'ont pas préparés, notamment dans le secteur
stratégique du textile qui représentait près de 50 % des exportations
nationales en 2004. La nature même de
ce processus, dirigé par l'État tunisien, a permis à ce dernier de conserver
une capacité d'intervention importante — il était à l'origine de 49,6 % du
total des investissements en 1997 —
et de développer de nouveaux secteurs dont celui de l'industrie mécanique et
des nouvelles technologies où
les ingénieurs tunisiens bénéficient, à compétences égales, d'un
salaire moindre que leurs collègues européens. Dès lors, l'un des atouts du
pays, selon le ministre de l'Industrie et des PME Afif Chelbi, a
été de « miser sur la qualité et exploiter au mieux l'atout de la
proximité géographique et culturelle ».
Depuis le lancement du nouveau programme de
privatisation en 1987, le gouvernement a totalement ou
partiellement privatisé 217 entreprises publiques ou semi-publiques en décembre
2008, dont de grands établissements publics
comme Tunisie Télécom, pour une recette globale de 6,013 milliards de dinars,
avec une place particulière accordée au secteur des services (53,9 % des
entreprises) et de l'industrie (37,8 %). Cette politique a conduit à une
modernisation des techniques de production et des procédures de gestion des
entreprises et donné un coup de fouet à l'investissement direct étranger.
Toutefois, elle n'a pas permis d'augmenter significativement l'investissement
productif et la création d'emplois. Par ailleurs, un rapport de la Banque
mondiale daté de juin 2004 avait
épinglé les « interventions discrétionnaires du gouvernement » et le
« pouvoir des initiés » qui affaiblissaient, selon elle, le climat
des affaires et les éventuelles prises de risque des investisseurs étrangers.
Ce phénomène est renforcée par les créances douteuses des banques publiques
tunisiennes, encore majoritaires sur le marché, qui pourrait expliquer en
partie le niveau modéré bien que croissant des investissements étrangers. Dans
ce contexte, le secteur privé « reste de taille modeste » et se
trouve encore majoritairement composé de petites et moyennes entreprises (PME) familiales qui, selon les statistiques de l'Institut
national de la statistique,
contribuaient tout de même à 72 % du PIB en 2006 contre 63 % en 1997
et employaient trois millions de personnes ; elles réalisaient à la même
époque 85 % des exportations et 56 % du volume total des
investissements malgré leur dépendance financière à l'État, eu égard au taux
élevé du crédit bancaire et aux conditions difficiles pour l'accès au crédit
dans un système bancaire majoritairement public malgré les appels du FMI à
l'accélération de la réforme et de la privatisation du secteur bancaire.
Par ailleurs, l'absence de préparation de plusieurs
secteurs à l'ouverture a conduit au maintien d'un niveau de chômage élevé et
variant selon les sources de 13 % à 20 % en raison de la
différence entre le nombre des nouveaux emplois créés chaque année et
l'augmentation régulière de la population active(85 000
nouveaux travailleurs pour 60 à 65 000 emplois créés). Pourtant, le
chômage ne touche pas que les populations les plus vulnérables : le taux
de chômage des diplômés de l'enseignement
supérieur est ainsi en augmentation
depuis plusieurs années. Alors qu'il était de 4 % en 1997 et de 0,7 % en 1984, il atteint 20 % contre une moyenne nationale de
14 %, voire près de 60 % dans certaines filières selon une enquête de
la Banque mondiale. Entre 1997 et 2007, leur nombre a été multiplié par trois, passant de
121 000 à 336 000, l'économie n'ayant pas réussi à grossir au même
rythme que l'effort de formation, les difficultés de l'enseignement supérieur
(marquées par l'écart entre la hausse du financement et la croissance
exponentielle du nombre d'étudiants) ne faisant qu'accroître ces problèmes. Une
réforme du Code du travail de 1994 a
également « favorisé la flexibilité du travail et le développement des emplois précaires » et
les différences entre régions et entre catégories socioprofessionnelles
auraient tendance à s'accroître avec le temps : la Banque mondiale met
ainsi en avant, selon un calcul du plafond de revenu différent de celui retenu
par les autorités tunisiennes, une hausse absolue de l'effectif des personnes
considérées comme « pauvres » malgré une baisse relative de leur
proportion au sein de la population. On peut ainsi constater que l'ouverture du
marché tunisien a remis en cause les bases sur lesquelles le régime politique
s'est bâti jusque-là, contraignant celui-ci à adapter ces stratégies pour
développer l'économie et assurer l'équilibre social. Par ailleurs, le chômage
persistant et les difficultés liées à la lente restructuration de l'État
laissent une partie de la population en marge du développement économique qui
est pourtant le principal fondement de la politique gouvernementale. Toutefois,
des réseaux permettent encore de tempérer d'éventuels mécontentements.
7.
Népotisme sous Ben Ali
À partir du début des années
1990, de nombreuses voix accusent un certain nombre
de personnes proches du couple présidentiel de prendre le contrôle de plusieurs
pans du tissu économique. Le groupe,
constitué des familles du président Zine el-Abidine Ben Ali et
de son épouse Leïla, mettent
progressivement la main sur plusieurs secteurs par le biais de détournements,
d'intimidations et de spoliations, amassant quelque 3,7 milliards d'euros : la Banque centrale de Tunisie a recensé 180 entreprises qui leur appartiennent.
Le système bancaire a été mis à contribution, la Société tunisienne de banque ou
encore la Banque de l'habitat leur octroyant des prêts sans garantie, pour des
crédits à hauteur de 1,3 milliard d'euros.
Belhassen Trabelsi, frère de Leïla, fonde une compagnie aérienne (Karthago Airlines) qui se voit attribuer
indirectement les activités de fret, de charter et de catering de
la compagnie publique Tunisair,
notamment par le biais d'une société dirigée par Slim Zarrouk, l'un des gendres
du président ; lorsque la compagnie fusionne avec Nouvelair Tunisie, Trabelsi conserve la tête de la
compagnie malgré les 13 % du capital qu'il détient. Son groupe, Karthago, est également actif dans les médias (Mosaïque FM) et possède plusieurs hôtels ; Trabelsi prend aussi
le contrôle de la Banque de Tunisie en 2008. Son neveu Imed possède, au
travers de Med Business Holding, une dizaine d'entreprises actives dans divers
secteurs, dont l'enseigne Bricorama. De son
côté, Mohamed Sakhr El Materi,
autre gendre du couple présidentiel, contrôle en 2010 quelque 25 % du marché automobile grâce au
concessionnaire Ennakl, un élément de son groupe, Princesse El Materi Holding.
Il fonde la radio religieuse Zitouna FM, puis la banque islamique Zitouna, et force en 2009 la famille Cheikhrouhou à vendre son groupe de
presse, Dar Assabah, qui possède les titres Assabah et Le Temps. Quelques mois avant la chute du régime, il acquiert
encore 25 % de l'opérateur téléphonique Tunisiana.
Le 26 janvier 2011, douze
jours après la fuite de Ben Ali à la suite de la révolution tunisienne, le gouvernement intérimaire lance une procédure judiciaire
pour « acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers » et
« transferts illicites de devises à l'étranger » contre le couple
présidentiel et plusieurs membres de son entourage. Selon Abdelfattah Amor,
président de la Commission nationale d'investigation sur les faits de
corruption et de malversation, les membres de la famille présidentielle
« avaient tous les droits : autorisations indues, crédits sans
garanties, marchés publics, terres domaniales... ».
Le groupe Mabrouk nie
pour sa part avoir profité de la position de Marouane Mabrouk, un autre gendre
de l'ancien président, pour se développer, malgré sa croissance marquée par la
prise de contrôle de la Banque internationale arabe de Tunisie, le lancement des enseignes Monoprix et Géant, de l'opérateur Planet Tunisie, de la radio Shems FM et le partenariat avec France Télécom pour lancer Orange Tunisie dont
il détient 51 %. En conflit avec Belhassen Trabelsi, le groupe Loukil affirme
pour sa part avoir subi « dix-sept contrôles fiscaux en trois ans »
et estime le préjudice à cinq millions d'euros
8. Période
postrévolutionnaire (depuis 2011)
Pour l'année 2012, le
programme économique du nouveau gouvernement table sur une prévision de croissance de
3,5 %. Les programmes économiques des différents partis politiques ne
présentent pas beaucoup de changements par rapport à la période précédente, les
revendications économiques de la révolution n'ont pas
encore trouvé de réponses.
II.
STRUCTURE ECONOMIQUE
En 2009,
le produit intérieur brut (PIB) de la Tunisie atteint 48,972 milliards
de dinars soit une hausse de
3 % par rapport à 2008. En 1960, celui-ci ne se montait qu'à 847 millions de dollars, passant à 1,581 milliard en 1970, 8,634 milliards en 1980, 12,875 milliards en 1990 et 21,254 milliards en 1999. Quant à la population active, elle atteint 3,593 millions de personnes mais la
population active occupée totalise 3,085 millions de personnes, dont près de
30 % de femmes, ce qui représente tout de même plus du double du niveau
de 1980. En 2017, la répartition par secteur économique se fait de la
façon suivante :
1.
Agriculture et pêche
Dans les dernières années du protectorat français,
l'agriculture représente encore 29 % de l'activité économique totale mais
tombe déjà à 22 % avec la nationalisation des 850 000 hectares
exploités par des sociétés françaises et des colons. Malgré cette baisse
constante de la quote-part du secteur dans le PIB, l'agriculture a enregistré
des taux de croissance importants, notamment durant les années 1970 avec près
de 8 % par an, et a permis au pays d'atteindre un niveau de sécurité alimentaire suffisant. Ces performances sont la conséquence
d'importants efforts de soutien et de modernisation réalisés dans le cadre
d'une politique de développement et de régulation des activités agricoles et
rurales (crédits de la Banque nationale agricole, assistances techniques et salaire minimum) et d'une
demande soutenue par l'augmentation de la demande (population en hausse et aux
revenus croissants). En effet, les taux de couverture des besoins nationaux par
la production intérieure sont de près de 48 % pour les céréales, de 100 %
pour les produits de l'élevage ou de
88 % pour les huiles.
En dépit du développement des autres secteurs de
l'économie nationale, l'agriculture conserve une importance sociale et
économique : elle assure environ 11,5 % du PIB et emploie 18,5 % de la main-d'œuvre en 2007.
Les principales productions agricoles sont les céréales (blé et orge), les olives (4e producteur
et 3e exportateur mondial d'huile d'olive en 2007-2008), les dattes (avec
la célèbre deglet nour), les agrumes et
les produits de la mer. À l'exception des céréales, ces produits agricoles sont
en grande partie tournés vers l'exportation.
La viticulture est également un
secteur exportateur : le pays exporte 40 % de sa production pour des
recettes atteignant 40,3 millions de dinars en 2009, avec 70 % en vin d'appellation d'origine
contrôlée (AOC) dont 20 % bénéficient de
la mention « premier cru ».
Le secteur de la pêche est une activité économique importante, notamment
dans certaines régions pour lesquelles elle est l'unique activité économique
(comme l'archipel des Kerkennah). Il s'agit de
la deuxième production agricole exportée par le pays après l'huile d'olive et
se pratique surtout sur la façade orientale, notamment dans le golfe de Gabès, où se
situe la majorité des quarante ports de
pêche ainsi que les deux-tiers des prises. L'aquaculture se
développe également en sites maritimes ou en sites d'eau douce sur 14 000 hectares au niveau des barrages. Les produits de la pêche maritime sont principalement
des poissons bleus, des poissons blancs, des crustacés et
des mollusques.
La Tunisie n'échappe pas aux tendances de
modernisation et de mondialisation de ces dernières décennies avec la libéralisation de son économie engagée dès 1986 et l'accord de libre-échange signé
avec l'Union européenne en 1995. La tendance s'illustre par une baisse de la part de ce
secteur économique dans le PIB (1/7e) et plus encore par une baisse
de la population active (1/6e),
tendance constatée tout au long du XXe siècle et
accélérée après l'indépendance (avec un désengagement renforcé lors des années
1960 où fut tentée l'expérience
collectiviste). Des unités de production modernes et bien intégrées au marché,
notamment pour certaines aux marchés d'exportation, coexistent avec des
systèmes de production restés, sous le poids de leurs contraintes de
structures, traditionnels sur le plan des techniques adoptées et peu intégrés
au marché. Le programme d'ajustement structurel agricole, lancé en 1986,
contribue à la libéralisation des prix et
des investissements et à la privatisation progressive des entreprises publiques du secteur.
Si la gestion de l'agriculture appartient encore à
des établissements publics, tels l'Office des céréales ou l'Office national de
l'huile, le secteur agricole est de plus en plus pris en charge par des groupes
privés souvent présents dans l'industrie
agroalimentaire tel le groupe Poulina, le premier
groupe privé du pays.
2.
Industrie
Pour André Wilmots, la Tunisie « fait partie de
la poignée de nations du monde en développement qui a su tirer profit de la
vague du redéploiement d'activités Nord-Sud » en se positionnant à
temps, en créant l'infrastructure nécessaire et en établissant sa réputation en
ce qui a trait aux délais et à la qualité. En effet, dans les années
1950, le tissu industriel est presque inexistant et
les produits qui viennent de France payant
un droit de douane faible voire inexistant empêchent la production locale de se
développer.
Désormais, le secteur de l'industrie, qui regroupe
l'industrie non manufacturière (mines, énergies, électricité et BTP) et surtout
l'industrie manufacturière (agroalimentaire,
textiles et cuirs, matériaux de construction, verre, plastique, produits
mécaniques, électriques, électroniques et chimiques, bois, etc.), produit des
produits manufacturés représentant 82 % des exportations totales en 1998.
Pour l'industrie manufacturière, la Tunisie est le
premier exportateur industriel d'Afrique en valeur absolue — elle est ainsi passée devant l'Afrique
du Sud en 1999 — alors que près de 70 % des exportations du
secteur sont le fait d'entreprises bénéficiant à partir de 1972 d'un statut offshore leur
donnant le droit de travailler pour le marché européen. Les secteurs du textile et de
l'agroalimentaire représentent 50 % de la production et 60 % de
l'emploi de l'industrie manufacturière.
Après avoir cru à un rythme annuel de 2,1 %
entre 2000 et 2005, l'industrie tunisienne fait face à la concurrence
étrangère : l'élargissement de l'Union européenne à l'Europe de l'Est, la fin des accords multifibres
qui contingentaient les importations de textile en provenance de Chine et d'Inde notamment
et la mise en place d'une zone de libre-échange avec l'Union européenne
le 1er janvier 2008 abolissent la plupart des avantages dont
bénéficient jusque-là les entreprises. Plusieurs programmes de modernisation et
de mise à niveau des entreprises entendent dès lors adapter le secteur à la
concurrence internationale : le Programme de mise à niveau est lancé
en 1996 et renforcé en 2002 par le Programme de modernisation industrielle, en
partie subventionné par l'Union européenne, qui bénéficie aussi bien aux
entreprises tunisiennes qu'aux entreprises étrangères implantées sur place. À
la fin 2007, près de 4 000 entreprises, principalement dans les
secteurs de la construction (21 %) mais aussi dans le textile, la
mécanique, l'électrique et l'électronique et l'agroalimentaire (19 %
chacun), ont ainsi investi plus de 4,3 milliards de dinars. L'autre solution
est la diversification, notamment par les exportations de produits mécaniques,
électriques et électroniques qui sont passés de 100 millions de dinars à 5,28
milliards entre 1996 et 2008. Les quelque 550 entreprises du secteur,
dont Alcatel-Lucent, Zodiac ou Latécoère investissent ou sous-traitent en
profitant d'une main-d'œuvre qualifiée et bon marché. Dans le même temps, le
pays détient déjà 2 % du marché mondial de la confection de câbles avec
l'implantation en 2008 des groupes
Dräxlmaier, Kromberg & Schubert, Sewon et Sumitomo Electric Bordnetze
(potentiel de 14 900 emplois).
Principal secteur potentiellement menacé, le textile
représente en 2005 plus de 40 % des
exportations tunisiennes et plus de 46 % des emplois industriels du pays
(occupés à 80 % par des femmes). Après une croissance soutenue
(+10 %) entre 1997 et 2001, la production est désormais stable car le niveau
des salaires pèse
lourdement : un ouvrier tunisien gagne chaque mois entre 115 et
130 euros (pour 40 à 48 heures de travail hebdomadaire) quand un ouvrier
chinois perçoit entre 50 et 60 % de moins. Quatrième fournisseur de l'Union
européenne en produits textiles, elle était jusqu'en 2002 le premier fournisseur de la France avant d'être surclassée par la Chine en 2003.
Alors que la Banque mondiale estimait
qu'un tiers des 250 000 emplois du secteur étaient menacés, les
délais de production et de livraison, les petites séries et les réassortiments
restent un élément de décision important pour les fabricants européens, comme
l'illustre le groupe Benetton qui
fabrique plus du tiers de sa production mondiale en Tunisie.
Ainsi, le pays a réussi à se spécialiser dans
la lingerie féminine (un soutien-gorge sur trois en France est de fabrication tunisienne).
De fait, l'année 2006 n'a vu qu'un léger tassement de 4 % de la
production. Par ailleurs, sur les quelque 10 000 entreprises
industrielles que compte le pays et qui représentent quelque 550 000
postes, plus de 2 000 sont partiellement ou en totalité en mains
européennes :
·
France :
752 ;
·
Italie :
466 ;
·
Allemagne :
150 ;
·
Belgique :
140.
3.
Services
Globalement, la part des services dans le PIB tunisien diminue légèrement, passant
ainsi de 54 % en 1960 à
50 % en 1999, la hausse des revenus
du tourisme ne parvenant pas à compenser la baisse du poids des activités du
commerce. Cette baisse est toutefois compensée par l'apparition de nouveaux
services comme les télécommunications et les services financiers, Tunis ayant eu tendance à supplanter quelque peu Beyrouth comme place
financière privilégiée du monde arabe.
a. tourisme
La position géographique de la
Tunisie au sud du bassin méditerranéen, avec 1 300 kilomètres de
côtes en grande partie sablonneuses, un climat
méditerranéen chaud
l'été et doux l'hiver, un patrimoine civilisationnel très riche (huit sites
inscrits à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco) et surtout un coût bas du séjour touristique, font
de ce pays l'une des principales destinations des touristes européens en Afrique et dans
le monde arabe (quatrième pays le
plus visité après l'Égypte, l'Afrique
du Sud et le Maroc) : la Tunisie a ainsi accueilli
7 048 999 visiteurs en 2008.
Le développement du tourisme remonte aux années
1960 grâce à l'action conjuguée de l'État et
de groupes privés. Si, en 1962, le
tourisme, avec 52 000 entrées et une offre de 4 000 lits, ne
rapporte que deux millions de dinars par an, en 2006, avec 6 549 549 visiteurs et une offre de
231 838 lits (dont près de 27 % situés dans des hôtels quatre et cinq
étoiles), il devient la principale source de devises du pays. Le secteur
touristique représente aujourd'hui 6,5 % du PIB et fournit 340 000 emplois dont
85 000 emplois directs, soit 11,5 % de la population
active occupée avec une forte part d'emploi
saisonnier. La clientèle touristique est composée de Libyens (1 776 881 visiteurs), Français (1 395 255), Algériens (968 499), Allemands (521 513), Italiens (444 541), Britanniques (254 922) et Polonais (207 531) qui se partagent en 2008 l'essentiel des visiteurs. Ce groupe de tête tend
toutefois à se diversifier par rapport à 2007, notamment vers l'Europe de l'Est —
avec une hausse de 39,6 % pour les Polonais et 14,1 % pour les Russes — mais aussi vers les pays voisins, avec une hausse
de 14,4 % pour les Libyens ; les marchés turc, britannique,
autrichien, tchèque et espagnol connaissent en revanche des décrochages
importants. Le tourisme intérieur constitue le cinquième marché pour ce secteur
avec 1 251 251 touristes tunisiens pour un total de 2,75 millions de
nuitées en 2006.
Ce secteur contribue à mettre en valeur certaines
régions, essentiellement celles du littoral oriental, cumulant plus de
95 % des lits :
·
en 2008) ;Djerba (30,46 % des nuitées
·
Sousse (25,15 %) ;
·
Nabeul-Hammamet (20,87 %) ;
·
Sfax-Monastir (13,41 %) ;
·
Yasmine Hammamet (10,11 %).
Les perspectives de développement prévoient la
création de nouvelles stations balnéaires le long du littoral avec une capacité de
200 000 lits en 2015 (Zouarâa
près de Hammamet, Selloum près de Zarzis, Hergla, Ras Dimas près de Monastir et
Ghedhabna près de Mahdia)
avec le développement du modèle de la station balnéaire intégrée. Toutefois,
outre le tourisme balnéaire majoritaire, le tourisme saharien (Douz et Tozeur attirant
chaque année plus de 250 000 touristes durant toute l'année) est en fort
développement. Plus récemment, le tourisme vert, la thalassothérapie et le tourisme médical sont apparus et croissent très rapidement :
« Le tourisme médical a de beaux jours devant lui » assure l'ancien
ministre du Tourisme Ahmed Smaoui.
« Les Algériens et les Libyens aisés viennent se faire soigner ici car leur pays
ne dispose pas d'infrastructures médicales performantes. Nous accueillons également
des Britanniques lassés de devoir
attendre des mois avant de pouvoir se faire opérer dans leur pays. Enfin, de
plus en plus de gens ont recours à la chirurgie esthétique ».
Les retraités constituent également une cible de choix pour les voyagistes.
Destination de masse, la Tunisie souhaite pourtant
promouvoir un tourisme plus haut de gamme et s'efforce ainsi de diversifier son
offre de loisirs (plus de huit terrains de golf et dix centres de thalassothérapie). Cela se
traduit par la mise à niveau de ses hôtels — la part des quatre et cinq étoiles
tend à se renforcer atteignant un tiers des 825 hôtels que compte le pays en
2006 — et la concentration du secteur aux mains de groupes privés
tunisiens nouant des partenariats avec des groupes hôteliers
internationaux : le français Sofitel-Accor avec le groupe TTS, l'espagnol
Sol-Melia-Tryp avec le groupe El Mouradi, l'américain Sheraton avec le groupe Affès, etc.
Dans un environnement international de plus en plus
concurrentiel, avec un produit de nature fragile dans une région à réputation
variable, l'adaptation est nécessaire. Il faut également veiller à contrôler
les pressions générées sur l'environnement qui sont importantes et
particulièrement les pressions foncières, l'érosion des côtes et les rejets d'eaux usées.
b. banques
Les banques et autres établissements financiers
sont l'un des principaux acteurs du développement dans le pays, par les prêts consentis aux
acteurs économiques — dont l'État se finançant sur les marchés internationaux —
comme par les prises de participations dans les grandes entreprises du pays.
D'un point de vue économique, le secteur, qui emploie
18 000 personnes en 2005,
connaît une progression de l'activité appuyée sur la croissance du pays. Les
onze banques cotées à la Bourse de Tunis représentant
49 % de la capitalisation en 2010.
Les établissements se divisent en diverses
catégories : 18 banques universelles, deux banques d'investissement, deux banques d'affaires et huit banques offshore mais aussi dix
organismes de leasing, deux sociétés
de factoring et huit
sociétés de recouvrement. La Tunisie a été parmi les premiers pays à introduire
des réformes financières au Moyen-Orient et
en Afrique du Nord (région MENA).
Le secteur financier est étroitement contrôlé jusqu'au milieu des années
1980. Depuis, il a connu trois décennies de
réformes progressives mais insuffisantes. Les banques publiques possèdent aussi
des participations dans des sociétés publiques ou semi-publiques.
Trois privatisations ont été effectuées au cours
des années 2000 : la Société générale a acquis 52 % du capital de l'Union
internationale de banques en 2002, BNP Paribas possède
50 % de celui de l'Union
bancaire pour le commerce et l'industrie et
la Banque tuniso-koweïtienne a été reprise à la fin 2007 par le Groupe Caisse d'épargne. Toutefois, le secteur public représentant 40,8 %
du total de bilan du secteur avec la Société tunisienne de
banque (53 % du capital),
la Banque nationale agricole (67 %) et la Banque de l'habitat (58 %).
Par ailleurs, la taille des établissements est encore jugée trop petite pour
espérer faire face à l'ouverture du marché tunisien ou investir sur les marchés
étrangers. Néanmoins, l'arrivée de nouveaux protagonistes comme Attijari Bank a dopé les politiques de conquête
commerciale vis-à-vis du grand public
Le système bancaire reste une préoccupation de l'État
tunisien qui souhaite hisser les services bancaires aux normes internationales.
Le point no 7 du volet économique pour la période 2004-2009, prévoyait ainsi
« un système bancaire et financier développé orienté vers la
convertibilité totale du dinar ». Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie souligne alors que « l'orientation vers la
convertibilité totale du dinar devra favoriser le renforcement de la capacité
concurrentielle de l'entreprise, attirer les investissements étrangers,
encourager l'internationalisation de l'entreprise tunisienne et édifier les
bases d'une économie ouverte ». Au chapitre des conditions nécessaires
pour y parvenir on trouve la promotion de la banque en
ligne et la généralisation de
la carte de paiement pour chaque compte bancaire et postal, soit trois
millions de cartes en 2009 contre 800 000 en 2004.
Le FMI a félicité en 2003 les autorités pour l'entrée en vigueur de la loi
sur la consolidation et la mise en place d'une structure de surveillance de la
stabilité du système financier et pour les mesures prises pour renforcer la
supervision bancaire. Néanmoins, il a également constaté la détérioration continue
des indicateurs financiers du système bancaire et appelé, lors d'une mission
en décembre 2005, au
« renforcement du secteur bancaire notamment le niveau des créances
douteuses qui alourdissent le coût du crédit et freinent
la croissance et l'investissement. Elles ralentissent aussi l'évolution vers la
convertibilité totale du dinar et la dynamisation de la politique
monétaire ». En effet, l'inadéquation structurelle entre la nature des
créances bancaires et le provisionnement effectué touche encore 19 % des
crédits en 2008. Malgré la nature
structurelle de ce problème, l'objectif de pouvoir appliquer l'accord de Bâle
II d'ici 2010 reste l'objectif du
gouvernement.
c. commerce
et distribution
Cette branche économique, qui emploie plus de
500 000 personnes et participe à 10,7 % du PIB national, se divise en deux catégories. En effet,
la distribution se caractérise encore par la prédominance du commerce
traditionnel avec 88 % (2006) du chiffre
d'affaires des transactions commerciales
réalisé pour l'essentiel par de petits commerçants (modèle de la petite épicerie de
proximité traditionnellement détenue par un Djerbien) et des grossistes, soit
450 000 emplois pour 250 000 commerces. Dans ce secteur, on
compte une boutique pour 64 habitants et une faible surface unitaire de moins
de 18 m².
La distribution moderne, qui ne compte que pour
5 % du chiffre d'affaires global, d'après une étude du ministère
du Commerce, regroupe des enseignes nationales et
internationales, n'est apparue que lorsque le marché s'est libéralisé en 1999. Ce secteur s'est fortement développé depuis avec
l'ouverture du premier hypermarché de
Tunisie sous l'enseigne Carrefour à La Soukra (2001), un deuxième avec Géant (29 septembre 2005) tandis qu'un troisième avec Leclerc est prévu
à Sousse. Cette
sous-branche de la distribution est représentée par quatre groupes :
·
UTIC qui possède l'hypermarché Carrefour et près de
quarante supermarchés Champion (passant progressivement sous la marque Carrefour Market),
réalisant 22 % de parts de marché, ainsi que les supérettes Les Nouveaux Magasins (anciennement Bonprix) qui
réalisent 9 % de parts de marché ;
·
Groupe Mabrouk possédant l'hypermarché Géant (incendié durant
la révolution de 2011), réalisant 13 % de parts de marché, et les
supermarchés Monoprix (23 %) ;
·
Promogros avec des magasins de semi-gros ouverts à
une clientèle achetant par lots (13 %) ;
·
Magasin
général, groupe public repris par le
consortium Poulina-Bayahi, qui possède le réseau de points de vente le plus
étendu (44 magasins sur tout le territoire national) et totalise 20 % de
parts de marché.
On note toutefois que 90 % des Tunisiens
continuent à s'adresser régulièrement aux petits commerçants du quartier,
39 % seulement fréquentent régulièrement les grandes surfaces et 33 %
les supérettes, notamment du fait que les hypermarchés n'existent qu'à Tunis.
Dans le même temps, le gouvernement ne souhaite pas favoriser les supermarchés
car il privilégie le maintien du commerce traditionnel comme facteur de
stabilité sociale. En effet, le pouvoir d'achat des
Tunisiens devient faible dès lors qu'on sort de Tunis. C'est pourquoi les
petits commerçants traditionnels restent indispensables : ce sont souvent
les seules enseignes ouvertes dans les provinces et qui présentent une gamme
large de choix de produits ; elles offrent un service de proximité puisque
plusieurs commerces sont ouverts très tard la nuit et 7 jours sur 7, y compris
les dimanche et les jours fériés, avec une offre personnalisée et une
possibilité de crédit gratuit, le carnet de crédit de l'épicier étant le
premier moyen de paiement en Tunisie selon l'enquête du ministère du Commerce.
Le marché de la vente à distance n'est pas très important et il est difficile de
déterminer sa valeur d'autant plus qu'il n'existe pas de chiffres officiels.
L'un des principaux sites est celui du Magasin général.
Le commerce
électronique se développe
lentement. La création d'un porte-monnaie virtuel appelé « carte e-dinar
universelle » pourrait contribuer au développement de ce secteur. L'un des
premiers acteurs à utiliser ce système est la Poste tunisienne.
Les chiffonniers sont quant à eux de plus en plus nombreux du fait
de la permanence d'un niveau de chômage élevé (15 % de la population
active), de la perte en pouvoir d'achat des familles les plus défavorisées et
de l'explosion des déchets plastiques due aux nouvelles habitudes de consommation. Ils ne
bénéficient d'aucune protection sociale – couverture médicale ou retraite –
octroyés aux métiers dotés d'un statut légal et peuvent être sujets à
l'exploitation de l'industrie du recyclage.
d. artisanat
Le secteur de l'artisanat emploie
en 2007 environ
350 000 personnes, soit 9,7 % de la population
active, et contribue pour 2,32 % des exportations nationales.
Les régions de Nabeul et
de Kairouan sont les
deux premiers centres de production artisanales, la première pour la céramique et la
seconde pour les tapis.
Les artisans sont représentés au niveau de la
Fédération nationale de l'artisanat qui est rattachée à l'organisation
patronale de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat.
L'État intervient pour sa part à travers l'Office
national de l'artisanat, entreprise publique créée le 14
octobre 1959 et
placée sous la tutelle du ministère
du Commerce, qui a pour fonctions
d'encadrer le secteur — par la formation, les études économiques, la promotion,
l'assistance aux artisans ou encore le développement de la coopération
internationale — et de commercialiser les produits artisanaux, notamment à
destination des touristes. Dès 1990,
ses fonctions strictement commerciales sont confiées à une société
distincte : la Société de commercialisation des produits de l'artisanat.
Des foires, salons et expositions sont organisées régulièrement, notamment
le Salon de création artisanale qui a lieu en mars de chaque année.
e. transport
Le secteur des transports est en
pleine évolution : libéralisation des modes de transport, privatisations, mise à
niveau, restructuration et assainissement des infrastructures, etc.
Article détaillé : Transport en Tunisie.
- Transport
maritime
La Tunisie compte aujourd'hui sept ports de commerce
(Radès, Sfax, Bizerte, Gabès, Sousse, Zarzis et La
Goulette) tandis qu'un port en eaux
profondes va être réalisé à Enfida. Placés sous la gestion de l'Office de la marine marchande et des ports, ils assurent à eux seuls 96 % du commerce
extérieur tunisien. Le port de Radès occupe une place importante de par sa
spécialisation dans le trafic de conteneurs et unités
roulantes (essentiellement le trafic des remorques) : il assure 22 % du trafic global, 90 %
du tonnage des marchandises conteneurisées, 90 % du tonnage des
marchandises chargées dans des unités roulantes, 92 % du trafic de
conteneurs en EVP, 91 % du trafic des unités roulantes et 23 %
du trafic de navires enregistré dans l'ensemble des ports de commerce
tunisiens.
Avec ses 550 000 passagers et ses
415 000 croisiéristes enregistrés en 2004, le port de La Goulette est
l'une des destinations les plus appréciées dans l'ouest du bassin
méditerranéen.
Le trafic de marchandises atteint
20 018 000 tonnes pour l'année 2004 (en hausse de 3,2 % par rapport au trafic de
l'année 2003 évalué à
19 385 000 tonnes). Il se partage en 14 030 000 tonnes
d'importations et 6 973 000 tonnes d'exportations.
La Compagnie tunisienne de navigation, société publique, est le principal armateur du pays et
assure des lignes régulières reliant les deux rives de la mer
Méditerranée (vers Marseille, Gênes, Livourne et Barcelone). Il existe par
ailleurs en Tunisie sept compagnies privées qui assurent surtout le transport
des hydrocarbures et des produits chimiques sur les lignes internationales.
- Transport
aérien
La Tunisie compte 29 aéroports dont sept
aéroports internationaux. Le principal aéroport du pays est celui de Tunis-Carthage, situé à dix kilomètres de la capitale. Il existe par
ailleurs six autres aéroports internationaux : Monastir-Habib
Bourguiba, Djerba-Zarzis, Tozeur-Nefta, Sfax-Thyna, Tabarka-Aïn Draham et Gafsa-Ksar. Les aéroports de Tunis et de Monastir sont respectivement le second et
troisième aéroports les plus actifs du Maghreb. Dans ce contexte, il est prévu
d'amplifier leur capacité ainsi que celle de l'aéroport de Djerba. Par
ailleurs, un nouvel aéroport situé à Enfida (à
cent kilomètres au sud de Tunis) est opérationnel depuis la fin 2009, avec une capacité de
cinq millions de passagers par an.
En 2005,
39,2 % du trafic s'effectue par l'aéroport
international de Tunis-Carthage. Durant
la même année, le fret commercial
réalisé par la compagnie nationale Tunisair atteint 14 602 tonnes contre
14 487 tonnes en 2004 soit 77,5 % du fret aérien national. Plus des
deux-tiers du trafic commercial aérien sont destinés à l'Europe.
Tunisair, qui dispose de 30 avions, est la première
compagnie aérienne du pays (48 % du marché) et assure des liaisons
régulières vers plus de 55 destinations à travers le monde. Sa filiale Tunisair Express assure quant à elle les vols
intérieurs et régionaux aux côtés de quelques petites entreprises privées
de vols charters comme Karthago Airlines et Nouvelair Tunisie. En 2011, deux autres compagnies privées, Freejet et Syphax
Airlines, sont autorisées par le Conseil national de l'aviation civile.
- Transport
ferroviaire
Le transport ferroviaire assure plus du tiers des
déplacements nationaux à travers un réseau national de
2 165 kilomètres de voies ferrées dont :
·
471 kilomètres de lignes à écartement standard (1 437
mm) ;
·
1 686 kilomètres de lignes à écartement métrique (1 000
mm) dont 90 kilomètres seulement sont électrifiés ;
·
8 kilomètres de lignes à écartement mixte
(standard et métrique).
La première ligne de chemin de fer du pays (Tunis –
La Marsa) est inaugurée en août 1872 (neuf
ans avant l'instauration du protectorat français). La
première grande ligne (192 kilomètres), reliant Tunis à Ghardimaou, est mise en service entre 1878 et 1880 afin
d'acheminer les matières premières de l'ouest du pays vers les ports puis vers
la France. Ces deux lignes sont
édifiées selon les normes internationales (écartement standard de 1 437
mm).
Le réseau est aujourd'hui exploité par la Société
nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT)
ainsi que par la Société
des transports de Tunis spécialisée
dans le transport urbain dans la région de Tunis. En 2004, la SNCFT transporte
36 319 000 voyageurs et 11 036 000 de tonnes de
marchandises dont 7 585 000 de tonnes de phosphates. Lors de cette même année, le transport de marchandises
connaît une baisse de 4,3 % en raison de l'épuisement du gisement de fer de Jérissa. En 2007, la capacité du transport des
passagers atteint pour sa part 116 000 places (renforcée
occasionnellement dans les périodes de congés).
Article détaillé : Transport ferroviaire en Tunisie.
Transport
routier
La Tunisie dispose d'un réseau de
19 418 kilomètres de routes dont 14 756 kilomètres de
routes goudronnées ainsi que de trois
autoroutes reliant Tunis à Gabès au sud, Bizerte au nord
ou Bou Salem à l'ouest.
Le secteur du transport routier domine les transports
terrestres de voyageurs et de marchandises. Il est néanmoins dominé par les
sociétés étrangères à cause du petit nombre d'entreprises tunisiennes : la
SNTRI (Société
nationale de transport interurbain), la
SNT (Société nationale de transport) ainsi que les douze STRG (sociétés
régionales de transport). Trente entreprises tunisiennes opèrent par ailleurs
dans le cadre du transport international routier (TIR). Sur le plan national,
le transport routier de marchandises se caractérise par une croissance de
l'offre annuelle d'environ 28 %, dépassant ainsi la demande qui augmente à
un rythme d'environ 6 % par an. Ceci entraîne une baisse des tarifs et une
hausse du taux de trafic à vide (estimée à 50 % de l'activité totale).
Ratifié par le gouvernement tunisien en 1970, le régime ATA (admission temporaire) demeure peu connu
et peu utilisé en Tunisie. Il permet la franchise totale de taxes douanières
pour les marchandises destinées à être présentées ou utilisées lors de foires
ou manifestations commerciales.
Articles détaillés : Liste
des autoroutes de la Tunisie et Liste des
routes de la Tunisie.
f. Télécommunications
Les infrastructures de télécommunications sont largement développées en Tunisie. Le réseau
téléphonique comptait environ quinze millions d'abonnés en 2017 dont plus de
quatorze millions d'abonnés mobiles. Environ 55,5 % de la population a
accès à Internet durant la même année.
À partir de 1999, le
gouvernement tunisien se fixe comme objectif de donner aux Tunisiens l'accès à
des services de télécommunications performants sur le plan de la qualité et du
coût. À cet effet, le Xe plan de développement économique a
prévu des investissements de 2,8 milliards de dinars dans ce secteur. Les
principales mesures ont concerné la modernisation et le développement de
l'infrastructure, l'amélioration de la couverture et de la qualité des réseaux
téléphoniques ou l'amélioration de la capacité d'accès à Internet. En 2005, 660 millions de dinars (dont 199 millions de la part du
secteur privé) sont dépensés dans le but de créer 140 000 nouvelles lignes
de téléphone fixe, en renforcement du million et demi de lignes existantes, et
d'étendre le réseau GSM pour atteindre 4,7 millions d'abonnés. Il est
également prévu de renforcer le réseau ADSL, d'améliorer et de sécuriser le trafic et de diversifier
les débits terrestres et maritimes ainsi que ceux reliés par satellite. Un
ensemble d'actions et de mesures sont également arrêtées concernant la mise en
place de l'administration électronique, le soutien au secteur privé pour investir dans le
domaine de l'informatique, la promotion de l'industrie des logiciels et la
diffusion de la culture numérique à grande échelle.
Parallèlement, la Tunisie a entrepris l'ouverture de
ce secteur à la concurrence en application de ses engagements vis-à-vis de l'Accord
général sur le commerce des services et
en préparation aux négociations en cours à l'OMC. Dans ce contexte, plusieurs actions importantes ont été
entreprises pour actualiser le cadre règlementaire.
L'opérateur historique, Tunisie Télécom, est le seul fournisseur de la plupart des services de
base et notamment de la téléphonie fixe. L'ouverture de 35 % de son capital a lieu à la
fin 2005 au profit de TeCom Dig (Dubaï) pour un montant de 3,05 milliards de dinars, ce qui
dépasse l'ensemble des recettes de privatisations encaissées
par l'État tunisien dès 1987. Trois
opérateurs se partagent par ailleurs le marché de la téléphonie mobile : Tunisie Télécom, Ooredoo et Orange
Tunisie. Selon les autorités, Orascom
possède plus d'un million d'abonnés en 2005. L'Agence tunisienne d'Internet gère le réseau web au plan national. On recense
douze fournisseurs
d'accès (sept publics et cinq
privés). Il existe par ailleurs 234 « publinets » (accès publics à
Internet) répartis sur l'ensemble du territoire. La connexion ADSL est
commercialisée en mai 2002 mais a
du mal à décoller à cause de tarifs jugés trop élevés : 114 166
abonnements ont été conclus à la fin 2007.
De plus, le commerce
électronique est un secteur en
développement qui connaît des difficultés, notamment en raison d'un problème de
moyens de paiement en ligne sécurisé, tout comme la téléphonie IP. La Tunisie
a enfin accueilli, en novembre 2005, la
deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), organisé par l'Union
internationale des télécommunications,
accédant ainsi à une visibilité et à une notoriété internationale. À la fin
de 2015, la Tunisie compte 980 sites de
commerce électronique pour un chiffre d'affaires de 1,5 million de dinars.
Selon le classement mondial du commerce électronique de 2016, la Tunisie est le
troisième pays africain et 73e au niveau mondial.
4. Technologies
Le pays tente également de développer le secteur
des nouvelles technologies. Le pôle d'El Ghazala, dans la
banlieue de Tunis, accueille déjà quelques poids lourds du secteur (Alcatel, Ericsson ou STMicroelectronics) convaincus de la compétitivité des ingénieurs tunisiens. En effet, à compétence égale, leur
salaire est deux fois moins élevé que celui d'un ingénieur français. Les
exportations de services de centres d'appel connaissent
également un développement important : il existe actuellement sept centres
à participation étrangère, dont six sont totalement exportateurs, qui emploient
au total plus de 1 100 personnes. Les facteurs techniques spécifiques
à la Tunisie comprennent le nombre élevé d'agents qualifiés, la maîtrise de la
langue française et le coût compétitif de sa main d'œuvre par rapport à celle
des pays concurrents.
La Tunisie a mis en place sept technopoles en cours
de développement :
·
région de Tunis :
o El Ghazala (technologies
de la communication) ;
o Sidi Thabet (biotechnologies
et industrie pharmaceutique) ;
o Borj Cédria (énergies
renouvelables, eau, environnement et biotechnologies végétales) ;
·
région de Sfax :
o Sakiet Ezzit (informatique
et multimédia) ;
·
Sousse (mécanique,
électronique et informatique) ;
·
Monastir (textile
et habillement) ;
·
Bizerte (industrie
agroalimentaire).
5. Secteur informel
La taille de l'économie informelle est difficile à mesurer de manière précise.
En 2018, on estime qu'elle
contribuerait à hauteur de 54 % du PIB, conduisant à une perte fiscale de 2,6 milliards
de dinars pour l'État.
Selon Mondher Benarous, le secteur informel se
caractérise par une multitude de micro-entreprises indépendantes ou à caractère
familial ayant une taille moyenne comprise
entre 2,4 et 3,6 personnes. Les relations de travail y sont fondées sur
l'emploi occasionnel, les liens de parenté ou
les relations personnelles et sociales plutôt que des accords contractuels comportant
des garanties en bonne et due forme. Selon une étude du Centre de la femme
arabe pour la formation et la recherche datée de 2016, 45 % des Tunisiennes actives travaillent dans le
secteur informel.
Pourtant, cette situation ne relève pas d'une
illégalité cachée mais tolérée. Les autorités n'osent pas agir et appliquer la
loi qui prévoit des amendes assorties de la confiscation de la marchandise, vu
que ce commerce constitue pour beaucoup de personnes leur unique subside. Dans
ce contexte, certaines complicités de la part de personnalités politiques ou de
fonctionnaires sont parfois dénoncées. Déjà, selon une enquête réalisée par l'Organisation de défense du consommateur au printemps 2006, 77,6 % des Tunisiens achetaient des produits
vendus sur les marchés parallèles et 69,6 % affirmaient qu'ils
continuaient à acheter des produits imités et non contrôlés en sachant qu'ils
sont dangereux pour la santé ou l'hygiène. 88,1 % des consommateurs y avaient
recours pour les prix bas et 44,8 % pensaient que c'étaient des marchés
caractérisés par une offre abondante et diversifiée. Avec la pression fiscale
imposée par la loi de finances 2018,
même des entreprises finissent par se fournir sur le marché informel.
C'est dans les grandes villes que ce commerce se
pratique le plus. À l'intérieur du pays, on voit aussi se développer une
économie parallèle dans de nombreuses villes : les marchandises arrivent
essentiellement dans des conteneurs via les
ports (Sfax, Sousse et Bizerte) qui assurent
75 % des échanges. Elles sont ensuite acheminées par camions vers de
grands entrepôts. De là, elles sont distribuées à des grossistes et détaillants dans plusieurs villes dont Tunis (marché Moncef Bey, rue Zarkoun, rue Sidi Boumendil, etc.). Les prix de ces marchandises importées, qui
répondent à la demande tunisienne, sont abordables par rapport à ceux affichés
dans les espaces du secteur organisé. Ben Gardane et Kasserine jouent
aussi un rôle grâce à leurs connexions avec les marchés algérien et libyen,
même si la guerre
civile dans ce dernier pays a
bouleversé la donne. En 2016, le
commerce informel transfrontalier représente environ 6 milliards de dinars.
III. ÉNERGIE
Les ressources naturelles de la Tunisie sont modestes si on les compare à
celles de ses voisines : l'Algérie et la Libye. Cette modestie en ressources
naturelles contraint le pays à importer du pétrole, ce qui participe à la montée du coût de l'essence : le litre franchit, le 26 avril 2006, la barre d'un dinar pour
se vendre à 1,50 dinar tunisien (un prix équivalent aux prix européens du point de vue de la parité de pouvoir d'achat). Le secteur de l'industrie est le premier consommateur
d'énergie, avec une part de 36 % de la consommation globale, suivi par le
secteur du transport avec 30 % de la consommation totale. La Tunisie
envisage alors le gaz naturel comme
une alternative au pétrole dans certains domaines. Ainsi, le 20 mai 2002, le premier bus au gaz naturel commence à circuler dans
les rues de Tunis. Un programme est mis
en œuvre pour la maîtrise de l'énergie : il est envisagé de réduire la
consommation d'énergie dans certaines entreprises et administrations de 6 à
12 % par rapport à 2005 et des campagnes gratuites de diagnostic des
moteurs, en collaboration avec les ministères de l'Industrie et du Transport, sont mises en
place.
Les énergies renouvelables en Tunisie ne représentent que 3 % de la
production énergétique malgré le grand potentiel qu'offre le territoire
tunisien pour une exploitation de l'énergie solaire.
Article détaillé : Énergie en Tunisie.
1. Phosphates
En 1957, Armiger et Fried
comparent dix sources de phosphate de roche et leurs travaux
démontrent que le meilleur phosphate de roche provient de Tunisie (phosphate
Gafsa) suivi de celui de Caroline du Sud. Le phosphate est extrait par la Compagnie des phosphates de Gafsa dans plusieurs gisements situés
dans le centre de la Tunisie et en particulier dans la région de Gafsa.
15 % du phosphate produit sont vendus à l'état brut et 85% sont
transformés par le Groupe
chimique tunisien. Sa
transformation s'effectue dans des usines, sur place à Mdhilla, ou majoritairement à Sfax, Gabès et Skhira. La production est alors exportée par le port
de Sfax.
En 1999, la Tunisie était le cinquième
producteur mondial de phosphate avec 5,5 % du total mondial. À l'échelle
africaine, elle possède avec le Maroc,
l'Afrique du Sud, l'Algérie et le Sénégal 98 %
des réserves. Au cours des douze dernières années, sa production a augmenté
d'environ deux millions de tonnes, la Chine ayant
approximativement doublé sa production dans la même période. Néanmoins, une
baisse de la production est prévue à terme
2. Pétrole
Selon les estimations, la Tunisie possède des
réserves prouvées de pétrole brut estimées
à 425 millions de barils en
janvier 2015. La majorité est située
dans le golfe de Gabès et le bassin de Ghadamès dans le sud
du pays.
Le pays produit près de 40 000 barils de pétrole
brut par jour en 2016, ce qui représente un déclin par
rapport aux 80 000 barils produits en 2010 et s'accompagne du départ d'acteurs comme ENI ou Shell. En 2017, la
majorité de la production nationale (73 %) provient de seulement six concessions
(Adam, Ashtart, Didon, El Borma, Miskar et Oued Zar), alors que 26 permis
d'exploitation sont opérés contre 52 en 2010 ; Adam, situé dans la région
de Borj el-Khadra et
géré par Agip (Italie), est
devenu en 2005 le plus important champ pétrolifère du pays avec une production
de 18 000 barils par jour. Cette production ne parvient toutefois pas à
couvrir la demande locale, qui se monte à 86 000 barils par jour en 2013, ce qui contribue à l'émergence de la contrebande (30 %
du marché). La dette énergétique représente en 2018 un tiers du déficit commercial du pays.
En 2017, le Code des hydrocarbures est amendé et
exige désormais l'approbation de l'Assemblée
des représentants du peuple pour
l'obtention de permis. Deux ans plus tard, six permis d'exploration sont
octroyés, dont trois pour la première fois en offshore dans le nord du pays,
représentant une augmentation d'un tiers par rapport à 2018 associée à une
hausse des investissements.
Le secteur est dominé par une société publique, l'Entreprise
tunisienne d'activités pétrolières (ETAP),
fondée en 1972 et dont la mission
est de gérer les activités d'exploration et de production de pétrole mais aussi
de gaz naturel pour le compte du gouvernement. Elle cherche à
attirer les capitaux étrangers, ce qui a conduit le gouvernement à réformer les
lois sur les hydrocarbures en août 2000.
Elle noue également des joint-ventures avec des compagnies étrangères
comme British Gas, Marathon Oil, Total, OMV ou
encore Petrofac.
L'unique raffinerie du pays, située à Bizerte, est gérée par
la Société
tunisienne des industries de raffinage ;
elle possède une capacité de production de 34 000 barils par jour. De ce
fait, le pays doit exporter du pétrole brut et importer des produits raffinés.
Le 26 mai 2007, la
compagnie Qatar Petroleum remporte un appel d'offres international
pour la construction et l'exploitation de la première raffinerie privée qui
doit entrer en service au terminal pétrolier de Skhira ; elle aura
une capacité de 120 000 barils par jour.
3. Gaz naturel
Face aux limites de sa production pétrolière, le pays
se tourne de plus en plus vers le gaz
naturel pour couvrir sa demande en
énergie : la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (STEG) précise que 44 % de la consommation
tunisienne provient du gaz en 2005 contre 14 % en 2003. Le pays dispose de réserves prouvées de 65,13 milliards
de pieds cubes en 2014. En 2013, le
pays produit 1,879 milliard de pieds cubes tout en consommant 4,079 milliards
de pieds cubes durant la même année.
60 % de la production provient des gisements
exploités par British Gas, le plus important investisseur énergétique en Tunisie,
à Miskar et Hasdrubal. Le premier site, principal champ du pays, est découvert
en 1975 par Elf dans le golfe de Gabès ; le
second est opérationnel depuis la fin 2009. La Tunisie compte quatre autres
champs gaziers tous exploités par la STEG : El Franning, El Borma, Baguel
et Zinnia.
Les entreprises tunisiennes constituent 19 % du
marché de l'exploration et de la production du pays. L'ETAP gère les réserves
nationales et agit en tant que partenaire principal dans presque toutes les
activités d'exploration et de production car elle détient 51 % de toutes
les concessions. Mais ce sont les entreprises américaines qui dominent avec 38 % du marché, suivi par
les entreprises européennes avec 19 %, canadiennes avec 12 % et asiatiques avec 10 %.
Les principaux acteurs dans le secteur du gaz
tunisien sont :
|
Le gazoduc transméditerranéen
(TransMed), qui traverse le territoire tunisien sur approximativement
370 kilomètres, transporte le gaz algérien vers la Sicile via
le cap Bon. Le pays touche
donc des redevances de transit
(5,25 % à 6,75 % de la valeur du gaz en transit).
4. Électricité
La grande majorité de l'électricité du pays est produite à base d'énergies
fossiles (97 % de la capacité
totale), le résidu étant produit à partir d'énergie hydroélectrique et éolienne. Le pays dispose en 2012 d'une capacité totale de 16,9 milliards de kWh alors que la
consommation atteint 13,31 milliards de kWh.
Jusqu'en 1996, la
STEG dispose d'un monopole sur la
production, la distribution et la facturation de l'électricité mais assure
encore en 2006 près de 80 % de la production. En 2002, la première
centrale indépendante, propriété de la Carthage Power Company (consortium regroupant désormais la BTU Power et la
Marubeni Power Holdings BV) fonctionnant au gaz naturel et au fioul, est mise
en service à Radès. Dans le même temps, le
gouvernement cherche à développer les énergies renouvelables.
Il annonce ainsi en mai 2003 l'installation
de douze éoliennes au champ existant à El Haouaria afin de
porter la capacité de production à 20 MW.
Le 17 août 2011, le
gouvernement tunisien annonce qu'il va investir deux milliards de dollars
(environ 2,7 milliards de dinars) dans des projets d'énergie solaire destinés à l'Europe,
l'énergie produite devant être transmise par câble trans-méditerranéen à
travers l'Italie. Après le vote d'une loi
relative à la production d'électricité à partir de sources renouvelables
en 2015 et la mise en place de
formules de partenariat public-privé pour exploiter les concessions, l'objectif est de
porter la part des énergies renouvelables de 3 % à 30 % du bouquet
énergétique en 2030 avec une
capacité de 4 700 MW.
Au niveau régional, la Tunisie s'implique dans le
projet trans-maghrébin de connexion des divers réseaux de distribution du
Maghreb à ceux de l'Espagne et du reste de l'Union
européenne. La connexion avec le réseau algérien existe déjà et celle avec le réseau libyen est en cours.
En 2021, la
Tunisie veut inaugurer un projet de panneaux solaires flottants,
disposés sur le lac de Tunis, en banlieue de la capitale. Il s'agit d'un test réalisé
afin de développer ce projet à plus grande échelle et de faire passer la
Tunisie de 3 % à 30 % d'énergies renouvelables.
IV. COMMERCE
EXTERIEUR
1. Intégration
internationale
Le principal partenaire économique de la Tunisie est
l'Union européenne avec 64,3 %
du total des importations et 76,9 % du total des exportations en 2006 : la France est le premier exportateur vers la
Tunisie avec 22,8 % de parts de marché, devant l'Italie (18,7 %) et
l'Allemagne (7,9 %), et reçoit 32,3 % des exportations réalisées par
la Tunisie qui occupe une position remarquable dans le commerce extérieur
français en étant son 21e client et son 23e fournisseur.
En février 2008, les responsables
patronaux français et tunisiens, Laurence Parisot et Hédi Djilani, signent un accord afin d'accroître
encore davantage la coopération économique et les échanges entre les deux pays,
ceux-ci étant passés de moins de deux milliards d'euros en 1995 à
sept milliards en 2007. La Tunisie a
également conclus des accords bilatéraux de libre-échange avec le Maroc, la Jordanie, l'Égypte et la Turquie.
La France est également le pays qui verse la plus
grande partie des aides reçues par la Tunisie (environ dix euros par habitant).
Au cours de la dernière décennie, et jusqu'à fin 2002, les concours français concessionnels ont atteint, sur
un rythme annuel de 73 millions d'euros, un
volume d'environ un milliard d'euros. Sur la période récente, la France fournit
la moitié des flux bilatéraux reçus par la Tunisie, soit les trois-quarts de l'aide
publique au développement (APD) en
provenance de l'Union européenne et le quart de l'APD totale. À côté des aides
bilatérales, la France participe à hauteur d'environ 18 % aux programmes
d'aide financés par l'Union européenne et notamment les projets inscrits sur
les lignes du programme MEDA (Programme de coopération pour le partenariat
euro-méditerranéen) (412 millions d'euros sur le fonds MEDA pour 2000-2004) dont la Tunisie
capte 15 % des ressources destinées au bassin méditerranéen.
La Banque maghrébine pour
l'investissement et le commerce extérieur a
pour mission d'aider à développer le commerce entre les pays du Maghreb, de
créer des projets régionaux viables, d'attirer et faciliter la circulation des
capitaux entre les pays de l'Union du Maghreb arabe.
La balance commerciale de la Tunisie en 2014 se présente de la manière suivante :
|
Balance commerciale de
la Tunisie
|
Produits
|
Importations (millions
de dinars)
|
Exportations (millions
de dinars)
|
Produits agricoles et alimentaires de base
|
2 439,2
|
1 138,2
|
Produits énergétiques
|
7 381,5
|
3 741,7
|
Produits miniers et phosphates
|
932,1
|
1 618
|
Autres produits intermédiaires
|
14 740,8
|
7 141,5
|
Produits d'équipement
|
11 350
|
5 365,1
|
Autres produits de consommation
|
5 198,9
|
9 402,2
|
Total
|
42 042,5
|
28 406,7
|
Sources : Institut national de la
statistique
|
|
2. Investissements
étrangers
Dans ce contexte, la Tunisie accorde une importance
particulière aux investissements
directs à l'étranger (IDE) en tant
que complément aux investissements intérieurs et compte tenu de leurs
contributions à la réalisation des objectifs nationaux (exportations, emplois, apports de
transfert technologique, etc.) Le pays est considéré comme un « site
d'investissement » dès 1994 par
diverses agences internationales de notation. En 1995, l'Agence de promotion de l'investissement extérieur est
créée sous la tutelle du ministère du Développement et de la Coopération
internationale. L'agence, qui dispose de cinq bureaux à l'étranger (Paris, Bruxelles, Londres, Cologne et Milan), est chargée de la promotion de l'image du pays, la
création de contacts directs avec des entreprises ciblées par le biais de
salons et de foires spécialisées, le suivi des entreprises à travers des
rencontres annuelles et l'amélioration de l'attractivité nationale par
l'identification des difficultés rencontrées et la proposition de solutions
adaptées.
En 2007,
les IDE se montent à 1,23 milliard d'euros mais à 406 millions si l'on exclut
les hydrocarbures et les privatisations. Les flux d'investissements étrangers
représentent 19,1 % de l'investissement productif tunisien, 4,8 % du
PIB, 45 % des entrées de capitaux extérieurs et 24 % des créations
d'emploi.
Dans le domaine industriel, les IDE européens sont
passés de 50 millions de dinars en 1996 à
400 millions en 2007. En 2006, les
investissements croissent principalement dans les secteurs de l'énergie (+
143,7 %) et de l'agriculture (+ 103,9 %) mais enregistrent un repli de
16,4 % dans les services autres que le tourisme et l'immobilier. Les
entreprises à majorité européennes opèrent essentiellement dans les secteurs de
l'énergie, du tourisme, de
l'immobilier et de l'industrie textile. Selon
le rapport 2008 de l'Agence de
promotion de l'investissement extérieur, les États-Unis, le Portugal et l'Allemagne se distinguent en 2007 avec un accroissement respectif de
leurs IDE de 176,3 %, 125,2 % et 101,3 %. Au niveau du
classement général et si l'on exclut le secteur énergétique, la France continue d'occuper la tête du classement (92 millions
d'euros injectés en 2007 dont 76 % dans l'industrie, 16,8 % dans
l'énergie, 3,7 % dans les services, 1,9 % dans le tourisme et
1,6 % dans l'agriculture) devant l'Italie et
l'Allemagne. Plus de
1 000 entreprises françaises sont implantées en Tunisie, contre 400
en 1995, constituant la moitié des implantations étrangères et le premier
pourvoyeur étranger d'emplois avec près de 100 000 postes. Ces entreprises
agissent notamment dans les secteurs textile (Lacoste, Petit Bateau, Chantelle, Aubade et Lafuma entre
autres), mécanique, électrique et électronique (Autoliv, Valeo, Labinal, Sagem, Alcatel-Lucent ou
encore Bull) ; ce secteur connaît une croissance importante
dans la seconde moitié des années 2000,
devenant le premier secteur d'investissement tous pays confondus, tout comme le
secteur aéronautique et spatial avec l'arrivée de EADS Sogerma et Latécoère.
Toutefois, secteur énergétique compris, la France se
fait devancée par le Royaume-Uni (471 millions d'euros), les États-Unis (128 millions) et
l'Italie (103 millions) alors que la Chine et surtout les pays du Moyen-Orient, dont
les Émirats arabes unis, tendent aussi à gagner des places.
3. Apport des
Tunisiens résidant à l'étranger
La Tunisie est un pays qui connaît un fort taux d'émigration : le nombre de Tunisiens résidant à
l'étranger est évalué à
885 000. 83 % d'entre eux résident en Europe. Leurs transferts
monétaires au pays se sont multipliés par 4,5 au cours de la période 1987-2005. Au cours des
cinq dernières années, les transferts (5 % du PIB) sont, en moyenne, de 1 611 000 dinars, ce qui
permet à l'économie nationale d'en tirer profit dans la mesure où cela
représente 22,7 % de l'épargne nationale,
soit l'un des quatre premiers secteurs fournissant des devises. Les 42 000 Tunisiens résidant en Allemagne fournissent à eux seuls plus de 50 millions d'euros chaque année.
Les Tunisiens résidant à l'étranger investissent, au
cours de la période 2001-2005, 78 millions de dinars dans 1 730 projets
fournissant quelque 7 700 emplois. Toutefois, la moyenne annuelle des
projets créés au cours de cette période est en diminution en passant à 346
contre 362 pour la période 1996-2000. Pour Mohamed Nouri Jouini, ministre du
Développement et de la Coopération internationale, « la contribution des
Tunisiens à l'étranger dans l'effort de développement devrait être plus
importante ».
4. Stratégie de
coopération de la Banque mondiale
La Tunisie est devenue membre de la Banque mondiale en
1958. Depuis, et jusqu'en juillet 2005,
la Banque mondiale a financé 128 opérations dans le pays avec une promesse
initiale totale de 5,47 milliards de dollars.
En juin 2004,
la Banque mondiale adopte une stratégie de coopération pour la période juillet
2004-juin 2008 (exercices
budgétaires 2005-2008) qui propose d'aider le gouvernement tunisien à atteindre
les trois objectifs stratégiques suivants :
·
renforcer l'environnement des affaires, soutenir le
développement d'un secteur privé plus compétitif et plus intégré
internationalement et améliorer la compétitivité de l'économie tunisienne ;
·
améliorer les qualifications et l'employabilité des
diplômés et de la population active dans la « société du savoir » ;
·
améliorer la qualité des services sociaux grâce à une
plus grande efficacité des dépenses publiques.
La stratégie de coopération (structure
organisationnelle des études analytiques, des opérations de prêts et du
dialogue) met ainsi l'accent sur trois grands objectifs : consolidation du
développement à long terme, appui aux réformes économiques et appui aux
nouvelles initiatives adoptées en 2000 (CAS
2000). Car la Banque mondiale estime que les principaux objectifs de la CAS
2000 étaient :
·
appuyer le développement humain en consolidant le
développement à long terme par l'amélioration de la qualité de l'éducation de
base et de la qualité des soins et par la consolidation du développement
municipal et urbain ;
·
l'intégration de la Tunisie aux marchés de l'Union
européenne en appuyant les réformes économiques (renforcement du secteur
financier et libéralisation des télécommunications) ;
·
de nouvelles initiatives pour moderniser le cadre
institutionnel et technologique (promotion du développement des exportations
par la facilitation du commerce et la préservation du patrimoine culturel et
diversification des produits touristiques).
Indicateurs sociaux
|
Législation du travail
|
Travail
|
SMIG (40 heures)
SMIG (48 heures)
|
323,439 dinars par mois
378,560 dinars par mois
|
Durée hebdomadaire du travail
|
40 à 48 heures
|
Congés payés annuels
|
12 à 24 jours
|
Retraite
|
Âge de la retraite
|
60 ans
|
Pension de vieillesse
|
40 % du salaire moyen de
référence
|
Sources : Jurisite Tunisie,
|
|
V. DONNEES SOCIALES
La taille de la classe moyenne est souvent mise en avant par le gouvernement pour
illustrer la justesse de ces choix économiques alors que les programmes sociaux
absorbant 14,1 % du budget national en 1999 ont permis de réduire la part de ménages en dessous
du seuil de pauvreté de près de
30 % en 1960 à 6 % en 1995 et 3,8 % en 2008 avec l'appui du Fonds de solidarité nationale et
de la Banque
tunisienne de solidarité. Par ailleurs,
plus de 80 % des Tunisiens possèdent leur logement mais, si l'on prend en
compte les revenus et le pouvoir d'achat,
il semble que la classe moyenne s'amenuise de façon imperceptible au cours
des années 2000 selon Hacine
Dimassi, professeur d'économie à l'université de Sousse :
« Cela n'apparaît pas clairement pour deux raisons :
les Tunisiens ont de plus en plus tendance à multiplier les petits emplois,
quitte à avoir des journées de forçat, et ils vivent à crédit. »
Parmi les facteurs dont le coût augmente, l'eau, le
téléphone ou l'électricité, sur lesquels la TVA est de 16 %, l'alimentation, qui a fait un
bond de 10 % entre 2007 et 2008 ou l'essence augmentée à huit reprises à partir
de 2006, soit de 40 %.
Dans ce contexte, le coefficient de Gini, calculé sur la distribution des dépenses de consommation des ménages, s'est maintenu
aux environs de 0,40 (légère concentration des revenus) et les parts de
dépenses de chacun des deux déciles les plus
pauvres n'ont augmenté que marginalement au cours des années 1990. Entre 1990 et 1995, le coefficient pour le milieu urbain s'est légèrement
détérioré mais celui pour le milieu rural est demeuré inchangé. À l'inverse,
entre 1995 et 2000, le coefficient s'est légèrement détérioré en milieu
rural tout en demeurant inchangé en milieu urbain. L'enquête nationale sur le
budget et la consommation des ménages menée en 2000 montre que les 20 % des Tunisiens les plus
riches comptent pour 47,3 % de la consommation totale alors que les
20 % les plus pauvres ne représentent que 6,9 % du total de la
consommation. De plus, la dépense moyenne des 10 % les plus riches
représente six fois celle des 10 % les plus pauvres. Par ailleurs, la
dépense moyenne par personne des 10 % les plus riches du gouvernorat de Tunis représente 11,4 fois la dépense moyenne par
personne des 10 % les plus pauvres vivant dans le centre-ouest du pays. Ce
ratio explique en partie les raisons du flux migratoire de
l'intérieur du pays vers les régions côtières.
Une nouvelle culture du crédit a fait son
apparition au début des années 2000.
Elle est marquée par un rapide changement de comportement des Tunisiens qui
adoptent un mode de consommation plus proche de celui des pays
développés. Le logement représente encore la principale source d'endettement. Alors que 80 % des Tunisiens sont propriétaires,
le remboursement des crédits immobiliers pèserait près de 40 % du revenu
des ménages selon la presse locale. Toutefois, les prêts à la consommation enregistrent
une forte progression en 2006 et
soutiennent un taux record en matière de dépenses ménagères. Ainsi, les
Tunisiens recourent de plus en plus au crédit pour des biens tels que l'électronique, les produits ménagers ou l'ameublement. La
quasi-totalité des commerces offre dans ce cadre des plans de remboursement à
long terme et certains magasins signalent que plus de 80 % de leur
clientèle ont recours au crédit pour effectuer leurs achats. Selon les chiffres
publiés par la Banque centrale de Tunisie en septembre 2006, le nombre total de crédits à la consommation aurait
doublé à partir de 2003 et
totaliserait 3,95 milliards de dollars. Le total de la population
active endettée totaliserait
668 000 personnes en 2006, contre 50 000 en 2003, pour une
population totale d'environ dix millions d'habitants.
VI .PLANS DE
DEVELOPPEMENT
La Tunisie choisit de procéder périodiquement à
l'élaboration de plans de développement économique qui constituent un cadre
d'orientation pour la réalisation d'objectifs visant la croissance économique
et le progrès social du pays. À ce jour, treize plans ont été adoptés :
·
31 mai 1962 : Ier plan
(1962-1964) ;
·
29 mai 1965 : IIe plan
(1965-1968) ;
·
1er juin 1969 : IIIe plan
(1969-1972) ;
·
3 août 1973 : IVe plan
(1973-1976) ;
·
27 juillet 1977 : Ve plan
(1977-1981) ;
·
3 août 1982 : VIe plan
(1982-1986) ;
·
25 juillet 1987 : VIIe plan
(1987-1991) ;
·
4 juillet 1992 : VIIIe plan
(1992-1996) ;
·
25 juillet 1997 : IXe plan
(1997-2001) ;
·
25 juillet 2002 : Xe plan
(2002-2006) ;
·
17 juillet 2007 : XIe plan
(2007-2011) ;
·
19 juillet 2010 : XIIe plan
(2010-2014) ;
·
25 avril 2017 : XIIIe plan
(2016-2020).
VII. PRINCIPALES
ENTREPRISES
Article détaillé : Liste
d'entreprises tunisiennes.
Même si le mouvement de désengagement de l'État
débute en 1987, celui-ci reste le patron de
quelque 120 grandes entreprises pesant pour un cinquième du PIB tunisien et
couvrant les secteurs des communications, de l'électricité et de l'eau, des
hydrocarbures et des services financiers clés. Ceci perpétue une tradition où
l'État joua un rôle de précurseur en matière d'investissements, de gestionnaire
puis de protecteur du secteur privé naissant, l'épargne disponible à
l'indépendance et le manque d'intérêt des investisseurs étrangers ne permettant
pas alors de lancer des projets suffisamment rentables.
Un classement des principales entreprises tunisiennes
est établi annuellement par l'hebdomadaire Jeune Afrique d'après
leur chiffre d'affaires (CA) respectif. Dans le classement 2020 (CA 2018),
sept des quinze plus importantes entreprises tunisiennes sont publiques ou à
participation majoritairement publique :
Principales entreprises
tunisiennes
|
Rang
|
Société
|
Activité
|
Chiffre d'affaires
(millions de dollars)
|
Résultat net
(millions de dollars)
|
1
|
Société tunisienne des industries de raffinage
|
Énergie
|
1657,2
|
non disponible
|
2
|
Société
tunisienne de l'électricité et du gaz
|
Eau, électricité et gaz
|
1501,1
|
-695,5
|
3
|
PGI Holding - Amen Group
|
Groupe diversifié
|
733,7
|
70,4
|
4
|
Poulina Group Holding
|
Groupe diversifié
|
722
|
50,5
|
5
|
Société nationale de distribution des pétroles
|
Énergie
|
676,1
|
6,8
|
6
|
Entreprise tunisienne d'activités pétrolières
|
Énergie
|
546,9
|
98,8
|
7
|
Tunisair
|
Transports
|
521
|
non disponible
|
8
|
Pharmacie
centrale de Tunisie
|
Santé
|
445,2
|
non disponible
|
9
|
Ooredoo
|
Télécommunications
|
403,1
|
non disponible
|
10
|
Tunisie Télécom
|
Télécommunications
|
390,4
|
non disponible
|
11
|
Compagnie d'assurances et de réassurances ASTREE
|
Activité financière
|
382,2
|
5,4
|
12
|
Société de fabrication des boissons de Tunisie
|
Agro-industrie
|
378,8
|
non disponible
|
13
|
Société
Magasin général
|
Commerce
|
318,6
|
7,6
|
14
|
Délice Holding
|
Agro-industrie
|
280,6
|
10,3
|
15
|
One Tech Holding
|
Équipement électrique
|
278,6
|
21,8
|
Sources : Jeune Afrique
|
|
Le secteur privé reste pour sa part dominé par une
vingtaine de groupes, souvent familiaux et constitués en conglomérats
hétérogènes (industrie, distribution, banque, etc.), qui peinent à se
concentrer sur une activité dominante. Les trois principaux sont les groupes
Amen, Poulina et One Tech,
suivis de groupes plus modestes comme Mabrouk, UTIC, Bayahi, Mzabi, Bouricha, Ben Yedder, Chakira ou encore
Med Business Holding.